BLACK MILK WOMEN

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LA VIE EST UN ART: RENCONTRE AVEC L'ARTISTE JESSICA VALOISE - PARTIE 2

Lisez la Partie 1 ici



"Les routes difficiles conduisent souvent à de belle destinations"
 

© 2013 Rodrick Valentine

Tu es une successful woman et aujourd’hui tu vis de tes 3 passions. Quelles ont été les épreuves à surmonter pour en arriver là?

Les remarques par ci par là qui peuvent facilement décourager... Genre « Mais ce que tu fais ça n'a rien d'original, ça ne se démarque pas de ce que d'autres font, pourquoi toi tu ferais la différence, tu crois vraiment que la réussite est pour tout le monde, moi je pense que c'est pour une élite dont on ne fait pas partie, tu rêves trop, les rêves c'est pour les enfants, il faut grandir, on ne peut pas toujours faire ce qu'on veut dans la vie »... etc. Surtout au début où je n'avais pas d'idée précise de ce que je voulais faire à part être libre de toute, ou du moins d'un maximum, de contrainte, j'ai eu pas mal de réflexions du style « Ça n'est pas ça la vie, tu crois aux contes de fée, tu es capricieuse / pourrie-gâtée », etc. Il a fallu surmonter ça pour en arriver là, réussir à ne pas tenir compte de ces remarques et croire en moi jusqu'à la mort. Et surtout, il a fallu que j'évite de tomber dans la démarche de faire les choses pour prouver quelque chose à ces personnes... Ça n'est pas spécialement évident.

Ensuite il y a ma timidité et mon introversion. C'est un peu un combat de tous les jours, ça demande beaucoup, vraiment beaucoup d'efforts. Ça n'est pas évident, et il faut être motivé et savoir vraiment pour quelle raison on fait ce qu'on fait... D'ailleurs, je sors beaucoup moins qu'avant, car toute l'énergie que je met à me socialiser pour mon art, je ne l'ai pas pour ma vie personnelle.

Puis la tentation de tout lâcher quand ça ne marche pas, une tentation tenace. Mais très vite on réalise qu'on ne fait pas ça pour que ça marche, mais parce qu'on n'a pas le choix, parce que c'est quelque chose de plus fort que nous.

 

Comment fais-tu pour traverser une mauvaise passe ? Quel est ton remède pour dépasser les obstacles?

Bien que les mauvaises passes soient des terreaux fertiles pour la créativité, ce sont des moments que je déteste. La première chose que je fais déjà, c'est de regarder si je ne suis pas en PMS. Si c'est le cas, je n'y fais pas attention et j'attend que ça passe. Si ça n'est pas le cas, j'essaye de comprendre ce qui se passe. J'écris ce que je ressens pour en trouver la raison, je parle à mes amis très proches, j'augmente mon activité sportive ainsi que mon temps de sommeil, je vais danser pour relâcher la pression, j'écoute des mantras et des musiques à haute fréquences, je médite, j'allume des bougies, de l'encens, je me fais des soins, je me refais l'intégral de Sex & The City... Je m'occupe de moi sans pour autant faire diversion, il est important de faire face à ce qui se passe et de ne pas le nier, même si parfois aux yeux des autres « on a tout pour être heureux », ce qu'on ressent, c'est ce qu'on ressent, et il faut s'en occuper si on ne veut pas se traîner ça toute la vie. Parfois il y a des blessures inconscientes qui refont surface, comme ça, sorties de nul part, il faut les identifier et les soigner, c'est vraiment important. Et en même temps, il faut savoir prendre du recul sur le moment, faire confiance à la vie et se dire que ce qu'on traverse fait partie de notre évolution. Ça aide aussi à voir le bout du tunnel.

 

Comment gères-tu la négativité des personnes ?

Quand c'est possible, en les supprimant totalement de ma vie, aussi simplement que ça. Quand ça n'est pas possible, ce qui est tout de même assez rare, en me créant un bouclier mental pour ne pas être atteinte. La clé aussi, qui est valable à la fois pour la négativité et la positivité, c'est de ne rien prendre pour soi. Quand quelqu'un est négatif, c'est qu'il fait fasse à ses propres colères et frustrations, donc il n'y a pas de raison que ça m'atteigne.

© 2014 Sébastien Roy

Trouve ton inspiration

Tu as également ta propre ligne de T-shirt. Quel est ton style?

De part mes influences, je pense que j'ai un style au croisement du classique et de l'urbain. En fait, c'est souvent ce que les critiques disent, et je pense que c'est ça.

 

Tu es française et antillaise originaire de la Martinique. Comment tes origines et ta culture influencent ton style et ta vie?

Mes origines mixtes ont clairement influencées ma manière d'être et mes goûts, mais pas en tant que telles. Pour les blancs je ne suis pas blanche, pour les noirs je ne suis pas noire, alors le fait de n'avoir jamais appartenu complètement à un de ces groupes a fait que je me sens libre d'être qui je veux, libre de tous codes ethniques. On peut me dire que je ne suis pas une vraie blanche parce que je n'aime pas le vin et le fromage, ou que je ne suis pas une vraie noire parce que je ne parle pas créole et que je n'aime pas la dancehall et le zouk. Je ne suis pas plus hip-hop que classique, pas plus Mondrian que JonOne, pas plus Descartes que Freud. Je n'ai pas cette notion des cultures séparées dont on serait propriétaires selon notre couleur de peau ou notre appartenance géographique. Je ne suis pas tributaire de ma couleur de peau ou de mon origine. Bien sûr, mes origines sont marquées dans mes gênes et dans mon ADN. Mais je ne suis pas limitée à ça, j'ai une vision plus globale, mouvante et évolutive des cultures. Donc j'intègre en moi tout ce qui me parle, que ça vienne de ce que mes parents m'ont appris, de ce que j'ai vu en Inde, à Salvador de Bahia ou encore en Norvège. Ce qui résonne à l'intérieur de nous va tellement au-delà de notre origine ethnique, c'est beaucoup plus grand. Ça ressort aussi beaucoup dans mon style vestimentaire, par exemple à l'heure où je répond à cette question, je porte une paire de Nike Air Force One, un classique urbain, avec un pantalon fluide avec des éléphants acheté en Thaïlande, souvent porté par les hippies, un crop top généralement porté dans un style plus pop, et un afro. Je ne m'identifie pas à une culture en particulier mais à plusieurs en même temps.


Qui sont tes icônes qui t'inspirent?

Alicia Keys, John Lennon, Joey Starr, Che Guevara, Sylvain Tesson, Serge Gainsbourg, Bob Marley, Gaspard Proust, Orelsan, Dieudonné, Kemi Seba, Matthieu Longatte, Clémentine Célarié, Abd Al Malik, Mouloud Achour, Ina Mihalache, Elizabeth Gilbert, Corine Sombrun, Angela Davis, Nina Simone, André Brugiroux, Steve Jobs, Jean-Michel Basquiat, Cheryl Strayed, Robyn Davidson, Janis Joplin, Marina Abramovic... Je suis certaine d'en oublier.

 

Quels sont les photographes et artistes que tu nous recommandes

La liste risque d'être très longue... Alors je vais privilégier les amis.

Arts visuels : Maliciouz | Blue Tika  | Niti Marcelle  | Shaïna Voltaire Mei Matthews 

Photo : Joseph Degbadjo Alexis Goudeau  | Carlos Guerra | Mariel Rosenbluth 

Acteurs : Eddy King

Musique : Claudio | Tisme | Maty Soul Nirina Lune Rohân Monk Malika Tirolien Nomadic Massive | Jjanice+ 

Danse : Zanicca | Mufasa | 

Encore une fois, je suis certaine d'en oublier...

 

HOME SWEET HOME

Paris ou Montreal?

Paris pour ces soirées hip-hop. Montréal pour... tout en dehors de l'hiver.

Une chose que tu aimes faire quand tu es OFF:

M'allonger dans l'herbe sous le soleil ou dans mon lit à regarder des séries.

Je suis bonne/mauvaise à:

Je suis bonne à créer des choses et à aider les gens. Je suis mauvaise dans les relations sociales, paradoxalement, et très mauvaise en tant qu'employée.

© 2015 Bob Losty

TRAVEL DIARIES

Tu explores les 4 coins de la planète dès que tu en as l’occasion, dans un précédent interview tu disais, je cite. «  il est rare que je prévois mes destinations plus d’une semaine avant. » En général voyager à un coût et demande de l’organisation. Comment choisis tu ta destination last minute?Quel est ton budget en moyenne, comment gère tu les dépenses liées au voyage? As-tu un ou plusieurs secrets de globe trotteuse à partager avec nous?

Dès que j'ai un peu plus d'argent que ce dont j'ai besoin, c'est-à-dire plus que pour payer les factures et la nourriture, j'en profite pour partir. Je choisi toujours une destination au soleil, et selon si je pars seule ou avec mon compagnon de voyage (http://boblosty.com/), on s'accorde sur une destination... Un peu au hasard. On pense à un pays, on le google, on regarde les images, le coût de la vie... Et let's go.

Mon budget dépend d'où je vais, par exemple en septembre je suis partie en Polynésie, pour 13 jours j'avais un budget de 600€, et l'hiver dernier pour 3 mois en Inde, 1400€. J'ai le gros avantage d'avoir des réductions sur les billets d'avion, je ne paye que les taxes. Mais sinon sur place, je dors chez l'habitant (http://journal.jessicavaloise.com/couchsurfing-en-inde/), donc je ne paye pas l'hébergement, je mange local, beaucoup de street food ou de petits restaurants qui ne payent pas de mine et qui ne coûtent pas grand chose, quand je peux cuisiner je n'achète que des produits locaux dans les marchés, je me déplace en auto-stop ou en transports en commun... En plus d'être économiques, cette façon de voyager permet de réellement découvrir la culture locale.

Après, le voyage c'est ma raison de vivre, donc dans la vie de tous les jours, je n'achète pas d'objets ou de vêtements si je n'en ai pas besoin, je ne fait pas de sorties coûteuses, je me déplace à vélo dès que possible, je me nourri au marché ou dans les centres communautaires où la nourriture est en distribution libre. La seule chose qui me pompe vraiment mon budget aujourd'hui, c'est le logement.

 

Ton dernier voyage était

En Inde, cet hiver, de décembre à mars.

 

Ton meilleur souvenir

C'est toujours difficile de n'en choisir qu'un, c'est surtout des moments, des émotions et des états d'esprit qui marquent. Il y a le fait d'avoir été en Afrique pour la première fois en 2004, d'avoir rencontré des Massaï, il y a une soirée de pleine lune sur une plage de l'Île de la Réunion avec des amis à manger des litchis, il y a l'arrivée à Bora Bora dans le cockpit de l'avion, la découverte par hasard de la terrasse d'un Hilton tout en haut d'une montagne en Thaïlande, une nuit passée dans un tipi au Canada par -40°... Il y en a trop en fait.

 

Voyager seule ou voyager à deux (ou en groupe). Pourquoi?

Seule, plus simple, plus libre, et ça permet d'être vraiment en contact avec l'autre et soi-même, ça repousse nos limites, et nous aide à nous connaître, même si on ne reste jamais seuls longtemps.

À deux, avec Bob Losty, oui, sinon, à voir... C'est bien aussi d'avoir un repère, une personne qu'on connaît déjà avec qui partager ce qu'on vit. Ça permet aussi de se reposer sur quelqu'un dans des situations qui peuvent paraître un peu stressantes.

En groupe, jamais. Trop de personnes à contenter, trop de monde, trop de bruits... En vacances courtes ou en week-end, pourquoi pas, mais en voyage, certainement pas.

 

La destination de tes rêves

L'Antarctique, dans le sens où c'est presque impossible à atteindre. Mais sinon, partout sur la planète.

 

Tes meilleurs adresses en Inde

Hotel: La guest house Kalapani à Neil Island.

Restaurant: Bean Me Up, à Goa.

Spa/beauty treatment: Ashiyana, à Goa.

Club/Lounge: Je n'en ai pas fait.

Boutique locale: Le marché du mercredi, sur la plage d'Anjuna, à Goa. Plein d'artisans locaux, russes, israéliens, belges.

Le plus bel endroit pour prendre des selfies: Le sommet du phare de Chidiya Tapu à Port Blair (on n'est pas autorisé à y monter mais... La vue est à couper le souffle).

Un endroit à visiter qui n'est pas touristique: Neil Island.

 


"Nous voyageons, certains d'entre nous pour toujours,

pour chercher d'autres lieux, d'autres vies, d'autres âmes."

Anais Nin
 

Quels sont les 3 choses à faire dans ta Bucketlist? 

- Faire le tour du monde.

- Faire un voyage en voilier.

- Sauter à l'élastique.

- Publier mon premier livre.* ✓

*Vous pouvez vous procurer le livre de Jessica "Art is the Message" ICI.

Quels sont tes prochains projets? 

Publier mon premier livre justement. Et commencer à penser à mon prochain voyage.

 

Un dernier mot?

Osez être vous-même et écoutez toujours votre cœur.

 

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Merci Jessica Valois pour avoir partagé avec nous ta vision, ton expérience et ta passion.


Shirline est la fondatrice de Black Milk Women. Elle trouve son inspiration dans tous les domaines de la vie. Créative, passionnée et rêveuse ... «Eat Beauty, Live Passionately, Drink Life » est son quotidien #Wordstoliveby.

Comme pour la musique ou al romance Shirline est old school, elle ne snap pas mais elle tweet. Vous pouvez la retrouver sur twitter @Theperfectshee

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Tu Es Une Inspiration XoXo

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